dimanche 14 avril 2013

Portoviejo

Bonjour Grand-Maman. La semaine à Canoa a passé très vite. L'hostal où je logeais était très joli, le service était très familier et Popo s'est rapidement imposé comme gardien de sécurité. Le déjeuner était servi jusqu'à 11h30 et était toujours servi avec un jus de fruit frais qui changeait à chaque jour. j'avais donc mes oeufs, mon pain, mon fruit, du beurre, de la confiture et un café (que je pouvais changer par un chocolat chaud. Mes journées commençaient donc toutes en beauté.

Ma chambre, bien que petite, était propre et avait une grande fenêtre. Les toilettes et les douches étaient communes mais toujours libres et propres. J'ai encore de la difficulté avec le papier de toilette. À plusieurs endroits, dont Canoa, à côté de chaque toilette il y a une petite poubelle pour y jeter le papier. J'avoue que j'ai oublié une fois et même après avoir tiré la chasse deux fois, le papier flottait encore à la surface. Je suis donc sorti discrètement en me disant que personne pouvait savoir que ça venait de moi. La toilette ne s'est pas bouchée de la semaine. Fiou.

La température sur la côte est très chaude. Le soleil nous plombe directement sur la tête et la mer est très pratique pour se rafraîchir. Je me suis rapidement procuré une belle bouteille de crème solaire avec le chiffre le plus haut que je pouvais trouver. J'ai donc passé la semaine enduit de 70. Je me fou un peu du bronzage. Je préférais être blanc que rouge. Malgré la 70, j'ai quand même un beau petit teint. Je prenais une belle marche pour digérer mon déjeuner avec Popo et revenais à l'hostal me mettre à l'abri du soleil jusqu'à 15h. Le soleil était beaucoup trop fort pour l'apprécier. À 15h, le soleil était juste correct pour se faire chauffer le dos sans brûler. Et sans oublier le sable blanc qui nous calcinait les pieds. J'ai souvent couru jusqu'à l'eau vu que le sable était trop chaud.

La plage de Canoa est une des plus belles que j'ai vues. Canoa est un tout petit village qui n'est pas encore une destination internationale. Il n'y a donc pas de gros hotels, ni de gros restaurants, ni de MacDonald. Que de petits hostals au look exotique. Murs de bambou, toits de paille et du sable partout (il y en a encore dans ma valise au moment où j'écris ces lignes). Reconnu par les amateurs de surf, c'est donc l'activité principale de la place. J'ai donc appris que les vagues sont comme la température. Certain jours, elles sont belles, grosses et fortes. D'autres jours, elle vont se promener ailleurs. 

J'ai pu voir les surfeurs attendre avec patience tout la journée en attendant LA bonne vague. Certains prédisaient la vague du lendemain, d'autres lançaient quelques prières en l'air pour mettre dame nature de leur côté. J'ai donc réalisé à ce moment que le surf était une activité très religieuse. Comme lorsqu'on part à l'aventure, il faut respecter les vents et les courants. Il faut attendre la bonne vague et en profiter quand elle arrive. Il faut se soumettre aux règles de la nature et surtout, ne pas tenter de les contrôler. C'est un très bon exercice de relaxation qui nous amène à lâcher prise. C'est comme le bon dieu. Ça sert à rien de lui dire quoi faire, c'est lui qui a le dernier mot. Il faut apprendre à l'écouter et aller là où il veut nous emmener. Bref, j'ai terminé la semaine complètement reposé. Je dirais même que j'étais plus que reposé, c'est une excellente alternative aux petites pilules pour les nerfs. 

Bien entendu, même le paradis a ses petits travers. Ici, à part la chaleur accablante, c'étaient les marin-gouins qui nous rappelaient qu'on avait pas quitté la réalité. Oui. Les marin-gouins. Les insectes de toutes sortes sont restés loin de moi depuis que j'ai mis le pied en Ecuador. Je comprends maintenant pourquoi. Ils sont tous à la plage. Par chance, j'avais ma crème à moustique. J'ai trainé cette crème en me disant qu'elle allait peut-être me servir un jour. Eh bien, elle m'a plus que servie, elle m'a sauvé la vie. J'avoue que mon tube de crème à moustique a baissé plus vite que mon tube de crème solaire. Pas que j'économisais la crème solaire mais les insectes étaient plus dur à déjouer que le soleil. 

Dans ma chambre, il y avait un filet à moustique suspendu au dessus du lit que je pouvais rabaisser mais ce filet me semblait rempli d'insectes morts. Je me trompe peut-être mais c'est l'impression que ça donnait. Bien que la fenêtre était équipée d'un moustiquaire, les coins de murs étaient rarement étanches. Il était donc facile pour un petit marin-gouin de venir me visiter. Donc, avant de me coucher, au lieu de mettre ma crème de nuit (même si j'en ai pas), je m'enduisais d'une bonne couche de crème à insecte. Je pouvais donc dormir sans trop être dérangé. Le soir, je devais porter des souliers pour éviter d'avoir les chevilles dévorées et je devais rester loin de tout parfum afin de ne pas trop les attirer. Mais bon, si je n'oubliais pas de me crémer, je n'avais pas à me gratter. 

Sur la plage, à certains moments, une ribambelle de petits crabes sortaient de leur cachette et allaient à la promenade. Au début, j'avais peur de me faire pincer un orteil mais j'ai rapidement compris qu'ils avaient plus peur que moi. Dès que j'approchais, ils rentraient dans leur trou. J'avoue que ça faisait mon affaire. J'espérais seulement qu'ils aient la même attitude avec Popo. Je peux te confirmer que Popo n'a eu aucune mésaventure avec ces petits crabes. Je crois qu'il n'était même pas conscient de leur présence. Que Popo soit loué!

Je me suis donc bien nourri durant cette semaine. À l'hostal, je mangeais mon bon déjeuner du matin et mon spaghetti au fruits-de-mer pour souper. Pour le lunch, j'allais au petit resto au centre devant la plage et j'y mangeais un hamburger délicieux. Le hamburger venait avec un oeuf (oui, j'aime les oeufs) et une tranche de jambon en plus de la galette de steak et du fromage. Bien nourrissant et très bon au goût. Je rajouterai que ce hamburger délicieux ne coûtait que 2$. J'aurais été fou de m'en passer. Bien entendu, les jus de fruits sont servis partout et en tout temps. On est proche du paradis ici (car j'imagine que le paradis est rempli de jus de fruits).

Les soirs de fins de semaines étaient très bruyants mais par chance, la police faisait son tour à 3h précisément et tout devenait désert. Je n'avais donc qu'à attendre à trois heures pour m'endormir ou boire un petit rhum de plus qui m'aidait à fermer les yeux. La semaine, par contre, tout était très tranquille. Je me couchais habituellement assez tôt et profitais du matin pour me reposer. Oui, la première chose que je faisais en me levant était de me reposer. Quoi de mieux! C'est la belle vie. 

Mayco, le gars de Buenos Aires qui est rapidement devenu mon chum, a toute sa famille à Portoviejo. Portoviejo est une petite ville grande comme Joliette à 2h de Canoa. Il m'a donc fortement invité à aller visiter son frère et ses amis pendant que j'étais dans le coin. J'ai sauté sur l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes et de visiter un nouveau lieu. J'y ai donc passé 2 jours au début de mon séjour sur la côte et 3 jours avant de revenir à Quito. Les gens de Portoviejo, et plusieurs personnes m'avaient prévenu, sont très chaleureux et très accueillants. J'ai donc été reçu comme un roi par Christian, le frère de Mayco, dans sa maison familiale. J'ai donc eu la chance de rencontrer sa mère, son père et d'en apprendre un peu plus sur lui. 

Tous mes repas étaient préparés par madame Itturalde. Du déjeuner au souper. J'ai eu la chance de goûter à la nourriture typique de la côte qui en passant, est excellente. Le jus de fruit fraîchement pressé tous les matins, les lentilles, la viande, la soupe au blé-d'inde, le riz et j'en passe. Je n'avais qu'à sortir de ma chambre et mon assiette bien remplie m'attendait sur la table. Je me suis offert une fois pour laver la vaisselle mais j'ai rapidement senti que mon offre ressemblait presque à un insulte. Même déposer moi-même ma vaisselle dans le lavabo était de trop. Je me suis donc contenté de remercier la mère de Mayco du mieux que je pouvais en soulignant la qualité de la nourriture et la chance que j'avais de partager leur repas. 

La même chose se passait avec les amis de Christian et de Mayco. On me demandait à tout bout de champ si tout était correct pour moi, si j'avais tout ce dont j'avais besoin, si je manquais de quelque chose, si j'avais faim, si j'avais soif, si j'étais confortable, si j'avais chaud, si j'avais froid... Au début, je me demandais si ces demandes n'étaient pas sarcastiques tellement ils se prenaient la tête pour mon confort mais j'ai rapidement compris qu'ils n'étaient que préoccupés par mon bien-être et voulaient s'assurer que je me plaisais en leur compagnie. J'ai rarement été aussi bien reçu et on m'a confirmé par la suite que cette attitude exceptionnelle était typique de Portoviejo. Étonnant mais vrai. Je l'sais, j'y étais.

Contrairement à la chaleur de ses habitants, Portoviejo n'est absolument pas une belle ville. Très sale, aux rues mal éclairées, aux policiers corrompus, un très haut taux de criminalité, une très mauvaise onde (comme ils disent là bas). Je crois que c'est la raison pour laquelle ses habitants sont si chaleureux entre eux. Ils vivent dans un environnement tellement miséreux qu'il reconnaissent l'importance des liens familiaux et amicaux. C'est ma déduction. Chacun vit dans leur petite maison derrière leur gros mur de béton et leur grosse porte de métal. Pour ajouter à tout ça, le quartier ou j'habitais n'était même pas contrôlé par une équipe de policier. La ville avait choisi de couper dans le budget et d'assigner les policiers à un autre quartier. Considérant le haut niveau de corruption de la police locale, j'en étais malgré tout enchanté mais je regardais toujours bien loin devant moi quand je sortais fumer ma cigarette.

Je dois avouer que j'étais malgré tout en quelque sorte protégé. Le grand frère de Mayco et de Christian était considéré comme un dur de dur dans le quartier. Il avait eu beaucoup de démêlés avec les méchants du quartier et avait eu plusieurs problèmes de possession d'arme et de violence. Je n'ai pas cherché à en savoir plus mais Christian m'a raconté qu'il avait reçu des menaces de la part des petits pas fin du coin mais quand ils ont apprit qu'il était un Itturalde (son nom de famille), il n'a plus jamais été achalé. Bon, ce n'est pas mon type d'environnement, c'est même une réalité que je ne connais absolument pas, mais pendant 3 jours, j'avoue que ça m'a rassuré.

Nous avons aussi été contrôlé par les policiers hors du quartier. Nous étions dans la voiture du père de Christian et les policiers se demandaient si nous ne l'avions pas volé. Ils nous ont fait arrêté, sortir de la voiture, mettre les mains sur le capot, écarté les jambes et fouillé. Après avoir vérifié que nous n'étions pas en possession d'armes et après avoir fouillé le véhicule, ils nous ont remercié d'avoir coopéré. J'avais entendu plusieurs histoires de policiers mal intentionnés mais par chance, cet intervention, bien que surprenante, se déroula dans l'ordre. J'ai quand-même eu besoin d'un bon vingt minutes pour me relaxer après cette petite expérience. J'avoue que je me sentais plus en sécurité loin des policiers. Je dois par contre souligner que, pour quelqu'un de la place, cette intervention était tout-à-fait normale et banale. Tout s'est passé dans ma tête. En réalité, j'avais seulement la preuve que ce quartier était contrôlé et que les voleurs de voitures n'y avaient pas la vie facile. Dans les fait, c'est une bonne chose mais dans ma tête jouait un autre film. 

J'ai donc repris l'autobus vers Quito, heureux de m'éloigner un peu de cette chaleur et des maringouins. La dame au comptoir de la compagnie d'autobus était catégorique, Popo était interdit dans l'autobus. Je devais le placer sous l'autobus avec les valises. Bien entendu, je préférais rester un peu plus longtemps à Portoviejo que de faire voyager Popo sous l'autobus. Christian me fit signe de la main d'attendre un peu. La dame a fini par lui dire qu'il devait parler directement avec le chauffeur. Christian a été capable de convaincre le chauffeur d'autobus de laisser monter Popo et le reste du voyage se déroula sans problème. Quito, home sweet home. 

L'autobus prit donc la route à 22h30 pour nous déposer à Quito à 5h30 du matin. En débarquant de l'autobus, je me senti finalement à la maison. Je pris un taxi qui me déposa à la porte et je regagna mon lit afin de terminer ma nuit. Plus que quelques jours avant de m'envoler pour Buenos Aires. Jamais je n'aurais pensé voyager à ce point et vivre autant de belles choses. Comme la vague sous la planche de surf, si on la prend quand elle passe, qu'on la respecte et qu'on garde notre équilibre, on découvre de merveilleux paysages jusqu'à présent inconnus. Je te laisse donc surfer sur cette pensée avant de t'amener avec moi jusqu'en argentine. Je pense souvent à toi et je t'embrasse fort. Bonne nuit Grand-Maman.

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