dimanche 14 avril 2013

Hasta luego Popo

Le retour a Quito se passa bien. Daniel étant parti se promener en Ecuador avec Eliana, j'avais l'appartement à moi tout seul. J'avoue que ça faisait mon affaire. À chaque retour à Quito j'ai l'estomac et les boyaux un peu dérangés. Mon système oubli vite sa précieuse adaptation à l'altitude. Encore une fois, je dois retrouver mon souffle, stabiliser ma flore intestinale et retrouver mon énergie qui a tendance à rester sous la barre des 2000 mètres. Quito étant à plus de 3000 mètres d'altitude, je dois me forcer un peu. Si on voit ça comme ça, je suis donc un kilomètre plus haut que mon bien être. Je commence à être habitué. Au début, je croyais être en mauvaise santé mais après tous ces aller-retours, je prends quelques journées de congé et tout revient à la normale. Je calcule donc que mon bien-être prend une journée par 250 mètres pour s'habituer. Ça tombe bien, je passerai 4 jours à Quito et je partirai la journée où je pourrai enfin revenir de la tienda en respirant normalement.

J'ai donc pris une journée pour dormir, une journée pour faire ma valise (entre deux siestes), une journée pour nettoyer l'appartement (aussi entre deux siestes) et une journée pour travailler (sans faire de sieste). J'avais trouvé une gardienne pour Popo avant de partir pour la plage. Heureusement que mes siestes étaient faites, la gardienne de Popo s'est désistée à la dernière minute, j'ai du trouver une solution de rechange rapidement. Ne trouvant personne, l'option qui me restait était de renvoyer Popo chez la soeur de Daniel mais cette option m'embêtait un peu, la soeur de Daniel me chargeait 8$ (au lieu du 10$ qu'elle m'avait demandé en premier) par jour pour s'occuper de Popo. J'aurais donc du lui payer 160$ pour ce service. Je ne passerai pas de commentaires mais je peux t'assurer que j'étais prêt à sortir mon pad de facture si elle me demandait la moindre chose. Ça coûte cher être blanc ici. Mais par chance, Mayco avait un ami à Quito qui voulait bien me rendre ce service et ce, gratuitement! Tout le monde n'est donc pas opportuniste. Merci Mayco.

Popo est donc parti, mercredi soir, avec son nouvel ami Stalin. Un gars de 31 ans, avocat, qui travaille pour une banque. Ça garanti en rien la sécurité de Popo mais c'est un très bon ami de Mayco et après l'avoir rencontré, j'ai immédiatement senti que Popo allait être en sécurité. Mayco m'a informé, le lendemain du départ de Popo que sa première nuit s'était très bien passée. Il n'avait pas fait pipi dans sa nouvelle maison et avait même dormi sous les couverture dans le lit de Stalin. Dans mon livre à moi, ça veut dire que Popo s'est rapidement habitué à son nouveau gardien. Ça me rassure beaucoup. 

J'ai donc pu compléter ma valise l'âme en paix, j'en ai même profité pour faire aussi ma valise pour le Canada. À mon retour de Buenos Aires, j'aurai 5 jours avant de repartir pour Joliette. J'aurai donc tout mon temps pour m'occuper des papiers de Popo. Je devrai aller avec lui chez le vétérinaire pour lui faire passer son examen de santé et faire authentifier tout ça par le ministère de l'agrocalidad ecuadorien. Bref, les mêmes étapes qu'avant de partir de montréal mais en espagnol. La dernière fois que j'ai fait ça à Quito, tout était réglé en une avant-midi. J'aurai 4 jours pour faire les mêmes démarches. Tout devrait bien aller.

Le jour du départ pour Buenos Aires était maintenant arrivé. Une dernière douche avant de partir et je me retrouvais dans un taxi vers l'ancien aéroport. Encore là, un blanc qui s'en va à l'aéroport a nécessairement beaucoup d'argent. Cette course qui coûte habituellement 3$ m'en coûta 5. Le chauffeur tenta de savoir si j'étais riche en me demandant si j'avais beaucoup voyagé, en me parlant de mon travail, en me demandant de quel pays je venais. 

Par chance, Popo n'était pas avec moi car la première question habituellement est combien m'a coûté Popo et combien ça me coûte pour l'emmener avec moi en avion. Au début, je répondais la vérité. Je disais que Popo m'avait coûté 450$ et que l'embarquer dans l'avion me coûtait 200$ à chaque fois. On fait le calcul rapide et on arrive facilement à 1000$. Bien entendu, je ne parle pas des vaccins ni de sa castration. Mais avec le temps, j'ai appris à dire que Popo m'avait été donné en cadeau et que son billet d'avion me coûtait le même prix qu'un extra bagage (sans préciser combien). 

Je sais bien que ces questions ne se veulent pas déplacées, je comprends bien que mon petit salaire de graphiste est 10 fois plus élevé que le salaire moyen à Quito. Je suis très riche ici. Le salaire moyen est de 300$ par mois. C'est donc 3 mois de salaires juste pour trainer un chien. C'est énorme. De plus, la majorité des Ecuadoriens ne peuvent même pas penser qu'un jour ils pourront voyager. Pour sortir du pays, un Ecuadorien doit avoir plus que 25 000$ d'avoir. De cette manière, le gouvernement peut s'assurer de leur retour au pays. C'est une réalité complètement différente. 

Pour eux, je suis millionnaire. Je crois donc que si je veux bénéficier du coût de la vie ici, je dois accepter les inconvénients. Je me rappelais avoir vu des gens graviter autour de Carlo et Dustin et voir clairement qu'ils étaient attirés par leur argent. Ici, c'est moi Dustin, et certaines personnes gravitent autour de moi parce qu'ils sentent mon argent. J'avais réalisé cette réalité a Miami mais jamais je n'avais pensé me retrouver de l'autre côté. J'ai une très belle qualité de vie ici. J'ai des amis qui ont un budget de 3$ par jour. Mon budget est de 30$ par jour, ce qui est énorme. Prendre un taxi à 3$ ne fait pas un gros trou dans mon portefeuille mais c'est comme si à chaque fois je partais en limousine. La misère des riches! 

J'étais donc rendu au vieil aéroport de Quito d'où je prenais la navette pour aller au nouvel aéroport. J'aime bien cet autobus. Assis bien confortablement, je peux profiter de son internet sans fil. Oui, le luxe à 8$. Après 1h30 de route, je débarque au nouvel aéroport. J'enregistre mes bagages, passe la sécurité, les douanes et rejoint ma porte d'embarquement. Encore là, internet sans fil. Je peux donc passer le temps en conversant avec mes amis connectés, travailler au besoin et envoyer les photos que je veux à qui je veux. Rendu là, je n'ai que mon petit sac à trainer et attendre le moment d'embarquer. 

Mon premier avion se rend à Lima au Péru. Un vol de 2h30 qui passa rapidement. J'avais peur d'avoir une grosse madame qui sentait pas bon à côté de moi. Surtout qu'en étant assis dans un banc de milieu, je risquais même d'en avoir deux. Par chance, à ma droite j'avais un monsieur qui savait voyager. C'est à dire, un monsieur qui gardait son bras de son côté de l'appui-bras. À ma gauche, j'avais une petite madame qui devait peser 80 livres. Une bonne chose de réglé. Sauf que la petite madame se sentait bien à son aise. Au lieu de s'accoter sur l'appui-bras du côté de l'allée, elle avait décidé de s'étendre sur l'appui-bras qui nous séparait. Je n'ai pas pris de chance. J'ai fait semblant de ne pas la voir et je l'ai accroché assez fort avec mon coude pour qu'elle comprenne que cet espace devait rester libre. Bien entendu, je m'excusa auprès d'elle de l'avoir heurtée. Après deux séance de lutte, elle finit par comprendre. Elle pesait peut-être pas 200 livres mais grosse ou pas grosse, un coude c'est un coude. J'ai appris que dans la vie, il faut être gentil avec les gens gentils mais il faut être insolent avec les gens insolents sinon on se fait marcher sur les pieds (ou sur les coudes).

J'ai pu profiter de ce premier vol pour te raconter ma semaine à la plage. Ce vol passa rapidement. Les roues de l'avion touchaient le sol de Lima et la deuxième partie de mon trajet commençait. Il était 22h30. Je devais attendre jusqu'à mon autre vol vers Buenos Aires qui décollait à 8h30 le lendemain matin. Je connais déjà l'aéroport de Lima. Je savais exactement où je m'en allais. Direction "Smoking Bar". Toutes les portes d'embarquement sont le long d'un même corridor et au milieu de ce corridor il y a un restaurant de sushi avec des gros divans, une belle section pour fumer des cigarettes et 3 ordinateurs avec Internet. J'étais prêt pour la nuit. 

Je m'installa à un ordinateur jusqu'à ce qu'une dame m'avertisse que je devais libérer l'ordinateur. Elle disait que j'y étais depuis trop longtemps et que je devais laisser la place aux gens qui attendaient. J'étais pas très content. Je ne lui ai pas manqué de respect mais je cherchais la réplique qui allait exprimer mon mécontentement. Trop fatigué pour réfléchir et pour traduire une idée floue en espagnol, je me résigna, salua les amis avec qui j'étais en pleine conversation et laissa l'ordinateur à qui voulait bien le prendre. Pour ajouter à mon mécontentement, je m'aperçus que personne n'attendait après l'ordi. Je décida donc d'aller prendre une marche et d'aller rien acheter au DutyFree. J'ai donc marché tranquillement le long du corridor.

À mon retour, pour me calmer, je me suis payer un gros plateau de Sushi hors de prix et une bouteille d'eau qui coûtait presque le prix d'une bouteille de champagne. J'avoue que les sushis étaient très bons. L'eau elle, elle goûtait l'eau. C'est après avoir mangé que je me suis assis dans le Smoking Bar et que j'ai commencé à écrire ces lignes. J'avoue que ça passe bien le temps. Tu as surement remarqué la montagne de détails pas très important. Dis-toi que tu m'as beaucoup aidé à passer le temps. J'étais donc en ta compagnie une bonne partie de la nuit à Lima. Tu savais pas que t'étais venu faire ton tour à l'aéroport de Lima? Et bien, maintenant tu le sais. On a fumé des cigarettes ensemble une bonne partie de la nuit!

Il est maintenant 3h15 du matin. Mon prochain vol n'a pas encore de porte d'assigné. Dans une heure, je crois que ce sera fait. Je pourrai me rendre à ma porte et faire une petite sieste avant de me ré-envoler. Les madames sont gentilles ici. Ils viennent te réveiller quand c'est le temps d'embarquer. Voyons voir comment tout va se dérouler. Pour l'instant, j'attends qu'un ordinateur se libère. Les 2 mêmes personnes occupent les ordinateurs depuis plus d'une heure. J'pense que j'vais aller leur dire que leur 20 minutes sont écoulées! Hahaha.

Après une heure et demi, j'ai délicatement demandé à la dame qui m'avait arraché de mon internet de m'avertir quand un ordinateur se libérait. Elle m'a dit d'attendre une minute. Ce que je fis. Elle me libéra un ordi, je pus donc me connecter.

Le reste de la nuit fut entre-coupée de mini-sieste. J'avais programmé 3 alarmes différentes sur mon téléphone pour être certain de ne pas passer tout droit. À chaque fois qu'une alarme sonnait, j'étais entre deux sieste. Je n'ai finalement pas dormi beaucoup. Le bon côté est que je vais probablement dormir dans l'avion, ce qui fera bien mon affaire. Je serai assis dans ce nouvel avion pendant 7h30. J'aimerais bien en dormir 7. Le voyage passera plus vite. Je suis maintenant assis à la porte 16. L'embarquement se fait rapidement.

Mon vol vers Buenos Aires se résume facilement. Je n'ai pas eu de grosses madames à côté de moi. Mieux que ça, j'avais personne à côté de moi. J'imagine que cette place était donc pour toi. Tu m'excuseras, j'ai fini par faire la sieste étendu sur les deux bancs. Je me suis réveillé pour le déjeuner, puis rendormi, puis re-réveillé 15 minutes avant d'arriver à Buenos Aires. Le vol s'est donc très bien passé et m'a semblé très rapide. Je crois qu'en 5 minutes, j'avais récupéré mes bagages j'étais assis dans un taxi. Je m'attendais à une course de taxi de 1h30 mais en prenant l'autoroute, j'étais rendu à mon hotel en 25 minutes. Décidément, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. 

Je fais donc profiter de Buenos Aires pour avoir de belles choses à te raconter. D'ici là, je t'embrasse fort, je vais prendre beaucoup de photos pour partager ça avec toi. On se voit bientôt. Je t'aime beaucoup. Bon dimanche.


Portoviejo

Bonjour Grand-Maman. La semaine à Canoa a passé très vite. L'hostal où je logeais était très joli, le service était très familier et Popo s'est rapidement imposé comme gardien de sécurité. Le déjeuner était servi jusqu'à 11h30 et était toujours servi avec un jus de fruit frais qui changeait à chaque jour. j'avais donc mes oeufs, mon pain, mon fruit, du beurre, de la confiture et un café (que je pouvais changer par un chocolat chaud. Mes journées commençaient donc toutes en beauté.

Ma chambre, bien que petite, était propre et avait une grande fenêtre. Les toilettes et les douches étaient communes mais toujours libres et propres. J'ai encore de la difficulté avec le papier de toilette. À plusieurs endroits, dont Canoa, à côté de chaque toilette il y a une petite poubelle pour y jeter le papier. J'avoue que j'ai oublié une fois et même après avoir tiré la chasse deux fois, le papier flottait encore à la surface. Je suis donc sorti discrètement en me disant que personne pouvait savoir que ça venait de moi. La toilette ne s'est pas bouchée de la semaine. Fiou.

La température sur la côte est très chaude. Le soleil nous plombe directement sur la tête et la mer est très pratique pour se rafraîchir. Je me suis rapidement procuré une belle bouteille de crème solaire avec le chiffre le plus haut que je pouvais trouver. J'ai donc passé la semaine enduit de 70. Je me fou un peu du bronzage. Je préférais être blanc que rouge. Malgré la 70, j'ai quand même un beau petit teint. Je prenais une belle marche pour digérer mon déjeuner avec Popo et revenais à l'hostal me mettre à l'abri du soleil jusqu'à 15h. Le soleil était beaucoup trop fort pour l'apprécier. À 15h, le soleil était juste correct pour se faire chauffer le dos sans brûler. Et sans oublier le sable blanc qui nous calcinait les pieds. J'ai souvent couru jusqu'à l'eau vu que le sable était trop chaud.

La plage de Canoa est une des plus belles que j'ai vues. Canoa est un tout petit village qui n'est pas encore une destination internationale. Il n'y a donc pas de gros hotels, ni de gros restaurants, ni de MacDonald. Que de petits hostals au look exotique. Murs de bambou, toits de paille et du sable partout (il y en a encore dans ma valise au moment où j'écris ces lignes). Reconnu par les amateurs de surf, c'est donc l'activité principale de la place. J'ai donc appris que les vagues sont comme la température. Certain jours, elles sont belles, grosses et fortes. D'autres jours, elle vont se promener ailleurs. 

J'ai pu voir les surfeurs attendre avec patience tout la journée en attendant LA bonne vague. Certains prédisaient la vague du lendemain, d'autres lançaient quelques prières en l'air pour mettre dame nature de leur côté. J'ai donc réalisé à ce moment que le surf était une activité très religieuse. Comme lorsqu'on part à l'aventure, il faut respecter les vents et les courants. Il faut attendre la bonne vague et en profiter quand elle arrive. Il faut se soumettre aux règles de la nature et surtout, ne pas tenter de les contrôler. C'est un très bon exercice de relaxation qui nous amène à lâcher prise. C'est comme le bon dieu. Ça sert à rien de lui dire quoi faire, c'est lui qui a le dernier mot. Il faut apprendre à l'écouter et aller là où il veut nous emmener. Bref, j'ai terminé la semaine complètement reposé. Je dirais même que j'étais plus que reposé, c'est une excellente alternative aux petites pilules pour les nerfs. 

Bien entendu, même le paradis a ses petits travers. Ici, à part la chaleur accablante, c'étaient les marin-gouins qui nous rappelaient qu'on avait pas quitté la réalité. Oui. Les marin-gouins. Les insectes de toutes sortes sont restés loin de moi depuis que j'ai mis le pied en Ecuador. Je comprends maintenant pourquoi. Ils sont tous à la plage. Par chance, j'avais ma crème à moustique. J'ai trainé cette crème en me disant qu'elle allait peut-être me servir un jour. Eh bien, elle m'a plus que servie, elle m'a sauvé la vie. J'avoue que mon tube de crème à moustique a baissé plus vite que mon tube de crème solaire. Pas que j'économisais la crème solaire mais les insectes étaient plus dur à déjouer que le soleil. 

Dans ma chambre, il y avait un filet à moustique suspendu au dessus du lit que je pouvais rabaisser mais ce filet me semblait rempli d'insectes morts. Je me trompe peut-être mais c'est l'impression que ça donnait. Bien que la fenêtre était équipée d'un moustiquaire, les coins de murs étaient rarement étanches. Il était donc facile pour un petit marin-gouin de venir me visiter. Donc, avant de me coucher, au lieu de mettre ma crème de nuit (même si j'en ai pas), je m'enduisais d'une bonne couche de crème à insecte. Je pouvais donc dormir sans trop être dérangé. Le soir, je devais porter des souliers pour éviter d'avoir les chevilles dévorées et je devais rester loin de tout parfum afin de ne pas trop les attirer. Mais bon, si je n'oubliais pas de me crémer, je n'avais pas à me gratter. 

Sur la plage, à certains moments, une ribambelle de petits crabes sortaient de leur cachette et allaient à la promenade. Au début, j'avais peur de me faire pincer un orteil mais j'ai rapidement compris qu'ils avaient plus peur que moi. Dès que j'approchais, ils rentraient dans leur trou. J'avoue que ça faisait mon affaire. J'espérais seulement qu'ils aient la même attitude avec Popo. Je peux te confirmer que Popo n'a eu aucune mésaventure avec ces petits crabes. Je crois qu'il n'était même pas conscient de leur présence. Que Popo soit loué!

Je me suis donc bien nourri durant cette semaine. À l'hostal, je mangeais mon bon déjeuner du matin et mon spaghetti au fruits-de-mer pour souper. Pour le lunch, j'allais au petit resto au centre devant la plage et j'y mangeais un hamburger délicieux. Le hamburger venait avec un oeuf (oui, j'aime les oeufs) et une tranche de jambon en plus de la galette de steak et du fromage. Bien nourrissant et très bon au goût. Je rajouterai que ce hamburger délicieux ne coûtait que 2$. J'aurais été fou de m'en passer. Bien entendu, les jus de fruits sont servis partout et en tout temps. On est proche du paradis ici (car j'imagine que le paradis est rempli de jus de fruits).

Les soirs de fins de semaines étaient très bruyants mais par chance, la police faisait son tour à 3h précisément et tout devenait désert. Je n'avais donc qu'à attendre à trois heures pour m'endormir ou boire un petit rhum de plus qui m'aidait à fermer les yeux. La semaine, par contre, tout était très tranquille. Je me couchais habituellement assez tôt et profitais du matin pour me reposer. Oui, la première chose que je faisais en me levant était de me reposer. Quoi de mieux! C'est la belle vie. 

Mayco, le gars de Buenos Aires qui est rapidement devenu mon chum, a toute sa famille à Portoviejo. Portoviejo est une petite ville grande comme Joliette à 2h de Canoa. Il m'a donc fortement invité à aller visiter son frère et ses amis pendant que j'étais dans le coin. J'ai sauté sur l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes et de visiter un nouveau lieu. J'y ai donc passé 2 jours au début de mon séjour sur la côte et 3 jours avant de revenir à Quito. Les gens de Portoviejo, et plusieurs personnes m'avaient prévenu, sont très chaleureux et très accueillants. J'ai donc été reçu comme un roi par Christian, le frère de Mayco, dans sa maison familiale. J'ai donc eu la chance de rencontrer sa mère, son père et d'en apprendre un peu plus sur lui. 

Tous mes repas étaient préparés par madame Itturalde. Du déjeuner au souper. J'ai eu la chance de goûter à la nourriture typique de la côte qui en passant, est excellente. Le jus de fruit fraîchement pressé tous les matins, les lentilles, la viande, la soupe au blé-d'inde, le riz et j'en passe. Je n'avais qu'à sortir de ma chambre et mon assiette bien remplie m'attendait sur la table. Je me suis offert une fois pour laver la vaisselle mais j'ai rapidement senti que mon offre ressemblait presque à un insulte. Même déposer moi-même ma vaisselle dans le lavabo était de trop. Je me suis donc contenté de remercier la mère de Mayco du mieux que je pouvais en soulignant la qualité de la nourriture et la chance que j'avais de partager leur repas. 

La même chose se passait avec les amis de Christian et de Mayco. On me demandait à tout bout de champ si tout était correct pour moi, si j'avais tout ce dont j'avais besoin, si je manquais de quelque chose, si j'avais faim, si j'avais soif, si j'étais confortable, si j'avais chaud, si j'avais froid... Au début, je me demandais si ces demandes n'étaient pas sarcastiques tellement ils se prenaient la tête pour mon confort mais j'ai rapidement compris qu'ils n'étaient que préoccupés par mon bien-être et voulaient s'assurer que je me plaisais en leur compagnie. J'ai rarement été aussi bien reçu et on m'a confirmé par la suite que cette attitude exceptionnelle était typique de Portoviejo. Étonnant mais vrai. Je l'sais, j'y étais.

Contrairement à la chaleur de ses habitants, Portoviejo n'est absolument pas une belle ville. Très sale, aux rues mal éclairées, aux policiers corrompus, un très haut taux de criminalité, une très mauvaise onde (comme ils disent là bas). Je crois que c'est la raison pour laquelle ses habitants sont si chaleureux entre eux. Ils vivent dans un environnement tellement miséreux qu'il reconnaissent l'importance des liens familiaux et amicaux. C'est ma déduction. Chacun vit dans leur petite maison derrière leur gros mur de béton et leur grosse porte de métal. Pour ajouter à tout ça, le quartier ou j'habitais n'était même pas contrôlé par une équipe de policier. La ville avait choisi de couper dans le budget et d'assigner les policiers à un autre quartier. Considérant le haut niveau de corruption de la police locale, j'en étais malgré tout enchanté mais je regardais toujours bien loin devant moi quand je sortais fumer ma cigarette.

Je dois avouer que j'étais malgré tout en quelque sorte protégé. Le grand frère de Mayco et de Christian était considéré comme un dur de dur dans le quartier. Il avait eu beaucoup de démêlés avec les méchants du quartier et avait eu plusieurs problèmes de possession d'arme et de violence. Je n'ai pas cherché à en savoir plus mais Christian m'a raconté qu'il avait reçu des menaces de la part des petits pas fin du coin mais quand ils ont apprit qu'il était un Itturalde (son nom de famille), il n'a plus jamais été achalé. Bon, ce n'est pas mon type d'environnement, c'est même une réalité que je ne connais absolument pas, mais pendant 3 jours, j'avoue que ça m'a rassuré.

Nous avons aussi été contrôlé par les policiers hors du quartier. Nous étions dans la voiture du père de Christian et les policiers se demandaient si nous ne l'avions pas volé. Ils nous ont fait arrêté, sortir de la voiture, mettre les mains sur le capot, écarté les jambes et fouillé. Après avoir vérifié que nous n'étions pas en possession d'armes et après avoir fouillé le véhicule, ils nous ont remercié d'avoir coopéré. J'avais entendu plusieurs histoires de policiers mal intentionnés mais par chance, cet intervention, bien que surprenante, se déroula dans l'ordre. J'ai quand-même eu besoin d'un bon vingt minutes pour me relaxer après cette petite expérience. J'avoue que je me sentais plus en sécurité loin des policiers. Je dois par contre souligner que, pour quelqu'un de la place, cette intervention était tout-à-fait normale et banale. Tout s'est passé dans ma tête. En réalité, j'avais seulement la preuve que ce quartier était contrôlé et que les voleurs de voitures n'y avaient pas la vie facile. Dans les fait, c'est une bonne chose mais dans ma tête jouait un autre film. 

J'ai donc repris l'autobus vers Quito, heureux de m'éloigner un peu de cette chaleur et des maringouins. La dame au comptoir de la compagnie d'autobus était catégorique, Popo était interdit dans l'autobus. Je devais le placer sous l'autobus avec les valises. Bien entendu, je préférais rester un peu plus longtemps à Portoviejo que de faire voyager Popo sous l'autobus. Christian me fit signe de la main d'attendre un peu. La dame a fini par lui dire qu'il devait parler directement avec le chauffeur. Christian a été capable de convaincre le chauffeur d'autobus de laisser monter Popo et le reste du voyage se déroula sans problème. Quito, home sweet home. 

L'autobus prit donc la route à 22h30 pour nous déposer à Quito à 5h30 du matin. En débarquant de l'autobus, je me senti finalement à la maison. Je pris un taxi qui me déposa à la porte et je regagna mon lit afin de terminer ma nuit. Plus que quelques jours avant de m'envoler pour Buenos Aires. Jamais je n'aurais pensé voyager à ce point et vivre autant de belles choses. Comme la vague sous la planche de surf, si on la prend quand elle passe, qu'on la respecte et qu'on garde notre équilibre, on découvre de merveilleux paysages jusqu'à présent inconnus. Je te laisse donc surfer sur cette pensée avant de t'amener avec moi jusqu'en argentine. Je pense souvent à toi et je t'embrasse fort. Bonne nuit Grand-Maman.